vendredi 3 avril 2015

Dimanche de Pâques


La résurrection du Christ que nous célébrons chaque dimanche et, d’une manière plus intense aujourd’hui dimanche de Pâques, constitue pour nous chrétiens le cœur de notre foi. Etre chrétien, ne se réduit pas à croire que Dieu existe, ni même à lui faire confiance ; beaucoup de non chrétiens font cela. Etre chrétien, cela veut dire très précisément : croire que cet homme, Jésus, que tous ont vu mort sur la Croix le Vendredi Saint, cet homme qui a été mis dans un tombeau, cadavre sans vie, s’est montré vivant le dimanche de Pâques. De même qu’il n’y a aucun doute sur le fait que Jésus était vraiment mort (Jn 19, 33-34), il n’y a non plus aucun doute sur le fait historiquement avéré qu’il s’est ensuite manifesté vivant à ses Apôtres (Lc 24, 34). Et il ne s’agit pas simplement d’être vivant dans le souvenir de ses amis, d’être présent spirituellement aux côtés de ses proches, comme on peut le dire d’un défunt dont la personnalité a été marquante. Il ne s’agit pas non plus d’une sorte de fantôme ou d’un mort-vivant de film fantastique. Il s’agit de reconnaître que Jésus est vivant avec son corps, son propre corps de chair, ce même corps qui était dans le tombeau sans vie la veille, et qui n’y était plus le dimanche matin (Mc 16, 6 ; Jn 20, 2).
Voilà très précisément ce que cela veut dire d’être chrétiens : croire à la réalité de la résurrection du Christ, corps et âme. Celui qui croit cela est chrétien ; celui qui ne croit pas cela… Le chrétien est-il fou de croire cela ? La résurrection ne serait-elle qu’une belle idée, un beau mythe qui console et qui aide à vivre ? Mais croire que la résurrection est un événement historique concret, réel : est-ce bien raisonnable ? Il faut bien voir que notre foi ne repose extérieurement que sur le témoignage des apôtres. Les récits que nous venons d’entendre (Jn 20, 1-9) nous l’expliquent clairement. Moi, je n’ai pas vu le Christ ressuscité ; il ne m’est pas apparu. Mais, si je n’ai pas eu d’expérience sensible du ressuscité, je connais les textes où saint Pierre, saint Paul… témoignent de cette rencontre bouleversante qu’ils ont faite avec le Vivant de Pâques (1Co 15). Honnêtement, je dois bien reconnaître que je n’ai pas de fondement pour contredire ces témoignages. Soupçonner les apôtres de malhonnêteté serait léger : ils seraient venus voler le corps et inventer des récits d’apparition (Mt 28, 13-15) – cela n’a pas de sens ! Les suspecter d’erreur serait inconvenant : les disciples connaissaient bien le Christ, ils n’ont pu se tromper ni être trompés. Il ne saurait y avoir d’erreur sur la personne : si celui qui s’est présenté à eux le matin de Pâques était un imposteur, ils auraient eu tôt fait de le démasquer. Si les Ecritures annonçaient que le Messie devait mourir et non ressusciter, saint Paul aurait su nous l’expliquer de manière convaincante. Non, je dois reconnaître que le témoignage des Apôtres est fiable, que les évangiles sont des textes solides et consistants. Je n’ai pas de raison de les mettre en doute. Et c’est pourquoi je choisis librement de croire ce qu’ils affirment. Je fais confiance à la parole des premiers chrétiens et j’accepte de placer ma foi en Dieu à la lumière de ce témoignage : ma foi en Dieu est foi au Dieu que Jésus Christ me révèle dans l’événement de sa résurrection.
Désormais, étant certain que le Christ, celui que tous ont vu mort, est vivant, je prends donc un risque : je prends le risque d’être chrétien. Je prends le risque de faire de ma vie une vie chrétienne. Je sais que cela comporte des exigences : si je vis moi-même dans la perspective de la résurrection, je ne saurais faire n’importe quoi. La vie du Ressuscité est la lumière qui oriente toute ma vie vers un bonheur éternel. Je ne vis pas pour mourir, mais pour ressusciter ; je n’ai pas peur d’être anéanti dans la mort, car j’ai foi en la promesse du Christ. Ce qui paralyse notre vie d’homme – il faut bien le reconnaître – c’est, plus ou moins suivant notre âge ou notre état de santé, la peur de la mort (He 2, 15). Celui qui prend le risque d’être chrétien a son regard changé : quand il regarde son futur, il voit la mort, certes, il ne saurait y échapper, mais il voit aussi plus loin que la mort ; il entrevoit déjà sa propre résurrection dans celle du Christ. Celui dont le regard va au-delà de sa mort est chrétien ; celui qui n’a pas d’autre horizon que sa mort…
Si je crois que la résurrection n’est pas simplement une idée, mais un fait, je comprends enfin que ma foi chrétienne non plus n’est pas simplement une idée ou des valeurs, mais bien aussi des actes, des événements : être baptisé, prier, participer à la messe, communier, se confesser. Une foi qui reste dans le domaine de l’intention, sans jamais produire un acte concret est une foi en péril (Jc 2, 17-18).
C’est pour moi un devoir de vous rappeler cela. Pour ceux qui sont croyants et qui mènent une vie chrétienne régulière, ce ne sont que des rappels. Pour ceux qui, tout en essayant de croire ont plus de difficultés à vivre en chrétiens, c’est une exhortation. Pour tous – et pour moi le premier – cela constitue le cadre de notre pauvre vie, sans cesse appelée à la conversion et qui tend à devenir chrétienne. Que la Résurrection du Christ, qui nous illumine aujourd’hui, nous conduise ainsi jusqu’à la vie éternelle.


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