vendredi 17 février 2017

7e dimanche ordinaire - A


En des mots très simples, d’une simplicité désarmante, Jésus énonce l’un des paradoxes les plus douloureux de l’existence humaine: Dieu «fait lever son soleil sur les bons et sur les mauvais, il fait pleuvoir sur les justes et les injustes» (Mt5,45). Si Dieu existe, et s’il est un Dieu bon, garant de la justice, il serait normal qu’il réserve un traitement de faveur aux hommes honnêtes et qu’il ne les confonde pas avec les malfaiteurs. Si le soleil est «son soleil», et s’il est donc libre de le faire briller sur qui il veut, Dieu devrait accorder une meilleure lumière aux gentils et punir les méchants dans les ténèbres. Ainsi on verrait qui est gentil, qui est méchant, et la création serait vraiment un monde de justice… Mais au contraire, préférant la confusion – semble-t-il – Dieu ne fait pas de distinction et il accorde aux impies une lumière d’aussi bonne qualité que celle qu’il donne aux hommes de bien, il fournit une pluie également profitable aux pécheurs et aux justes. 

Avec sa vieille sagesse aigrie et désabusée, l’auteur de l’Ecclésiaste (peut-être le roi Salomon, qui s’y connaissait assurément en vaines tristesses et en joies décevantes), remarque que cette confusion est une chose mauvaise: «Tout est identique pour tous; il y a un sort unique, pour le juste et le méchant, pour le bon et le mauvais, pour le pur et l’impur, pour celui qui sacrifie et celui qui ne sacrifie pas, pour le bon et le pécheur, pour celui qui prête serment et celui qui craint de prêter serment. C’est un mal, parmi tout ce qui se fait sous le soleil, qu’il y ait un même sort pour tous. Et le cœur des hommes est plein de méchanceté, la sottise est dans leur cœur durant leur vie et leur fin est chez les morts» (Qo9,2-3). A force de confondre les justes avec les pécheurs, à force de ne les distinguer en rien (tous naissent, vivent, meurent…) Dieu encouragerait – pense l’Ecclésiaste – la méchanceté des méchants et rendrait plus austère et plus pénible l’effort des hommes qui veulent persévérer dans la droiture. Dieu a-t-il vraiment intérêt à ce que les hommes soient ainsi égaux devant lui, alors qu’ils sont moralement différents? Salomon voudrait bien suggérer à Dieu de faire un petit quelque chose en faveur des saints, et de désavantager un peu les pécheurs… ce serait tellement plus simple! 

La réponse (déplaisante) à ce paradoxe, nous la connaissons. Lorsque Jésus, le seul juste, est venu dans le monde, il s’est laissé confondre avec les pécheurs. Lorsque volontairement il s’est soumis à la démarche pénitentielle du Baptiste (au point de le surprendre et de le faire hésiter; Mt3,14-15), Jésus a voulu se faire passer pour un pécheur ordinaire, pour un coupable des fautes quotidiennes que nous commettons tous – alors qu’il était, lui, et lui seul, innocent de toute complicité avec le mal. Et nous savons aussi que, ce faisant, il prévoyait qu’à la fin il serait à nouveau confondu avec les pécheurs, jusqu’à être crucifié entre deux délinquants, deux petites crapules, des “larrons” comme on dit: des brigands, des émeutiers, probablement meurtriers. Lui, l’innocent qui n’a prêché que le pardon et la réconciliation, qui a chassé les démons, qui a guéri les malades, qui a nourri les foules, qui a enseigné à ses disciples à faire le bien, le voilà mis au rang des malfaiteurs. Est-ce donc une bonne chose que le Christ ait été ainsi pris pour l’un de ces pécheurs sur qui Dieu fait lever «son soleil» en même temps que sur les justes? Mais c’est nous qui l’avons crucifié, et répondre à cette question exige de chacun qu’il fasse son examen de conscience. Il n’est pas inutile de nous souvenir d’ailleurs que le soleil, justement, s’est caché à ce moment-là, si l’on en croit l’évangile (Mt27,45). 


Il reste à examiner l’autre versant de cette affaire, celui qui nous concerne. Si nous avons été créés à l’image de Dieu (Gn1,26) et si Dieu ne fait pas de différence entre les justes qu’il aime et les pécheurs qu’il aime pareillement, nous devons nous aussi nous abstenir de juger et de compter notre générosité à l’échelle de la moralité que nous supposons chez notre prochain. Nous sommes très habiles pour nous dispenser d’aimer nos proches, les gens de notre entourage, et nous avons toujours de très bonnes raisons: si je n’aime pas untel, c’est qu’il ne le mérite pas. Je ne peux quand même pas aimer ceux qui ne sont pas aimables, je ne peux quand même pas être gentil avec ceux qui sont méchants. Je ne peux quand même pas être tolérant avec ceux qui sont intolérants… et l’argument est imparable. C’est en raison de la justice (d’une justice que je crois catholique, conforme aux dix commandements) que je choisis qui je peux aimer et qui je veux haïr. Jésus connaît très bien ce raisonnement et il nous fait remarquer ceci – pour notre honte: «Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Est-ce que les publicains [précisément les infréquentables] n’en font pas autant? Et si vous ne saluez que vos frères, quoi de plus? Est-ce que les païens [encore plus repoussants que les publicains] n’agissent pas de même?» (Mt5,46-47). Cette remarque est d’une extraordinaire lucidité: choisir qui on aime, c’est précisément agir comme ceux qu’on renonce à accueillir, c’est pratiquer exactement la même injustice qu’on reproche à ceux qu’on se dispense d’aimer. Quelle incohérence! Je n’aime pas mon voisin, parce qu’il est pécheur; je ne veux aimer que les justes (et je veux choisir qui est juste); mais – me dit Jésus – en m’autorisant à n’aimer que ceux que je considère comme justes, j’agis précisément exactement de la même manière que ceux à qui je reproche leur injustice pour pouvoir les haïr en toute bonne conscience

Le monde ne se divise donc pas en deux catégories: d’un côté les bons qu’il faudrait aimer et les méchants qu’il faudrait haïr. Ce n’est pas comme cela, ce n’est pas pour cela que Dieu nous a créés. Le monde se divise en deux catégories: ceux qui choisissent qui ils aiment, et ceux qui aiment tout le monde. Notre Dieu est du côté de ceux qui aiment tout le monde. Voilà qui est clair, simple, digne de Dieu. Laissons aux autres le soin de n’aimer que ceux qui leur ressemblent. Nous ne serons chrétiens que dans la mesure où nous aimons aussi les non-chrétiens. A l’époque où l’on essaye d’attiser la haine entre les religions, il y a là un enjeu très important. Si des religions pensent devoir haïr ceux qui croient différemment, nous-mêmes nous savons que notre Dieu fait lever «son soleil» sur les catholiques et sur les non-catholiques et, pour cette raison, nous n’excluons personne de notre amour. Si Jésus est «le Sauveur de tous les hommes» (1Tm4,10), c’est pour que nous, ses disciples, aimions «tous les hommes avec une parfaite douceur» (Tt3,2). Ce qui semblait scandaleux au vieux Qohélet est devenu notre règle de vie. Jésus a subverti le paradoxe et nous a ainsi offert d’aimer à la mesure de Dieu. Seigneur, donne-nous ton amour! 


vendredi 10 février 2017

6e dimanche ordinaire - A


La lecture tirée du Siracide entendue tout d’abord est bien étrange. Ce texte, attribué à Salomon, est situé dans la tradition de sagesse d’Israël. Et pourtant, il semblerait que cette sagesse soit devenue étonnamment folle pour nous dire qu’il est facile de toujours faire le bien, qu’il est toujours possible d’éviter le mal… alors que nous constatons quotidiennement qu’il n’en est pas ainsi. 

«Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle» (Sir15,15). Voilà qui est facile à dire, mais qui ne m’aide pas. Paul, semblait mieux comprendre l’humanité et sa faiblesse, lorsqu’il reconnaissait: «Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas: car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je déteste… Car je sais que nul bien n’habite en moi, je veux dire dans ma chair; en effet, vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir» (Rm7,15; 18). Alors qui a raison? Est-ce le sage de l’ancien Testament avec son éloge irréaliste d’une fidélité toujours possible? Ou bien est-ce saint Paul remarquant qu’il ne parvient pas à faire le bien? 

La question est sans doute mal posée – on ne peut opposer simplement deux textes bibliques car Paul connaissait le Siracide et ne pouvait le contredire: la Parole de Dieu ne vient pas nier la Parole de Dieu. En cas d’incohérence flagrante, c’est surtout une invitation à mieux lire qui nous est adressée. Peut-être qu’un détour par saint Augustin serait utile à ce sujet. En matière de liberté, de péché, de fidélité et de miséricorde, le grand évêque d’Hippone s’y connaissait assurément et on peut lui faire confiance; même si sa pensée est difficile, il peut nous aider à entendre ce qui nous semblait d’abord contradictoire. Nous lisons: 

«Dieu, par nature, ne peut pas pécher; mais celui qui participe de Dieu reçoit seulement de lui la grâce de pouvoir ne plus pécher. Or, cet ordre devait être gardé dans le bienfait de Dieu, de donner premièrement à l’homme un libre arbitre par lequel il pouvait ne point pécher, et ensuite de lui en donner un par lequel il ne puisse plus pécher: le premier pour acquérir le mérite, le second pour recevoir la récompense. Or, l’homme ayant péché lorsqu’il l’a pu, c’est par une grâce plus abondante qu’il est délivré, afin d’arriver à cette liberté où il ne pourra plus pécher. De même que la première immortalité qu’Adam perdit en péchant consistait à pouvoir ne pas mourir, et que la dernière consistera à ne pouvoir plus mourir, ainsi la première liberté de la volonté consistait à pouvoir ne pas pécher, la dernière consistera à ne plus pouvoir pécher» (1).

Augustin nous dit qu’il y a deux libertés. Au début, lorsque Dieu a créé l’homme, il lui a donné la liberté de pouvoir ne pas pécher. Adam (et Adam, c’est aussi chacun de nous) a été mis dans le monde avec suffisamment de lucidité, Dieu lui a donné assez de bonne volonté pour que, quelles que soient les circonstances, il ne soit jamais contraint de commettre le mal. Ainsi, en nous interdisant de pécher, Dieu ne nous demande pas quelque chose d’impossible. Dieu sait que faire le mal nous blesserait; faire du mal, faire le mal, c’est aussi se faire du mal, se nuire à soi-même. Dieu ne veut en aucun cas que les hommes se détruisent ainsi. Ce n’est pas pour cela qu’il nous a créés. Aussi, le Siracide a-t-il bien raison de rappeler ceci, qui est en fait une évidence: «Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher» (Sir15,20). Personne ne peut faire le mal et dire ensuite: «C’est Dieu qui m’a dit d’agir ainsi». Cela paraît idiot, en effet; et pourtant combien il est important de réaffirmer aujourd’hui encore que Dieu ne commande jamais la violence. Dans notre monde violent, il n’est pas rare que la religion soit précisément associée au meurtre, au crime, à la terreur… Pourquoi, à notre époque raisonnable et moderne, dans notre monde scientifique, pourquoi peut-on encore attribuer à Dieu l’origine d’une violence injuste et aveugle? Cela, le Siracide le dénonçait; et nous avons encore besoin d’entendre cette dénonciation comme si ce n’était pas évident! 

Ainsi, l’homme a été créé par Dieu (j’ai été créé par Dieu) avec assez de force pour n’être jamais obligé de péché. Il suffit que je consulte ma conscience, que je réfléchisse un peu avant d’agir, que je me souvienne que je ne trouverai ma joie que dans le bien que je fais, pour méviter concrètement de faire le mal. Et pourtant saint Paul a bien raison: combien de fois par jour a-t-il raison? J’ai honte de constater toutes ces mesquineries, ces lâchetés, ces maladresses, ces négligences, ou même ces trahisons, ces méchancetés, ces égoïsmes quotidiens. Combien de fois par jour est-ce que je choisis un mal que je n’étais pas obligé de commettre, pour un avantage lamentable et consternant? Je suis fragile et je vois bien que je renonce coupablement à réfléchir en conscience, que je me laisse tenter par ce qui ne peut qu’être décevant, que je préfère mon confort à l’amour de mon prochain. Alors comment le Siracide peut-il dire simplement: «Devant toi il a mis le feu et l’eau, selon ton désir étends la main» (Sir15,16)? Est-ce vrai qu’à chaque instant je peux choisir entre la vie et la mort et que je pourrais ne jamais choisir la mort? Mais je la choisis pourtant! 

Augustin nous aide à y voir clair dans ma liberté faillible: cette liberté qui peut toujours choisir le bien ne peut pas pourtant choisir toujours le bien. Je le sais dès que je fais mon examen de conscience. A chaque acte, je pourrais éviter le mal, mais je ne parviens pas à toujours le repousser. Et cela m’est douloureux. Je suis triste d’être pécheur. Mais cette douleur même m’est le signe d’une autre liberté, plus grande, plus forte, que je ne possède pas mais qui m’est promise. Un jour, lorsque Dieu m’aura pardonné toutes mes transgressions, lorsque Dieu m’aura accueilli avec miséricorde dans la joie définitive, alors je serai libre de ne plus jamais pécher, alors je serai libre de ne plus pouvoir pécher. Alors cessera la connaissance du bien et du mal. Alors je connaîtrai le bien (et le bien seul). 

Tant que dure le combat, je reste dans l’incertitude et ceci m’est douloureusement inconfortable. Mais cette souffrance même m’indique déjà le bonheur complet pour lequel Dieu m’a créé. Le Psaume (118,1-2) le dit, qui répond justement à la lecture: «Heureux est lhomme...» Et cette promesse est plus réelle que toutes mes défaites, car, au-delà de mes échecs, Dieu s'y est engagé. 


(1) Augustin, La Cité de Dieu, XXII, 30. 
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/citededieu/livre22.htm#_Toc510879993


jeudi 2 février 2017

5e dimanche ordinaire - A


Quels sont les arguments que nous avons pour présenter notre foi? Quels discours raisonnables et attirants pouvons-nous tenir pour inciter des hommes à croire? Quels faits pouvons-nous rapporter pour convaincre nos contemporains que Dieu existe et qu’il nous aime? Si nous voulons suivre la méthode que saint Paul nous indique, il nous faut consentir à être en cela assez démuni: «Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, rien, sinon Jésus Christ, le crucifié» (1Co2,2). Voilà qui ne nous simplifie pas la tâche. 

En effet, nous pourrions imaginer qu’une belle louange sur le caractère admirable de la création serait intellectuellement plus séduisante: regardez comment la nature offre un spectacle harmonieux et sublime; peut-on concevoir qu’il n’y a pas, à l’origine de tout cela, une intelligence surhumaine et bienveillante? On pourrait aussi aller du côté des miracles: lisez comment Dieu a libéré le peuple d’Israël au travers de la Mer rouge, comment Jésus a guéri des aveugles, comment il a ressuscité des morts, voyez comment aujourd’hui encore, à Lourdes, à Fatima, la puissance de Dieu rend la santé à des malades incurables et perdus; n’est-ce pas une preuve éclatante de la bonté de notre Créateur? On pourrait enfin mettre en valeur l’extraordinaire effort caritatif de l’Eglise catholique depuis des siècles: voyez comment la générosité des chrétiens accomplit de grandes choses, comment Camille de Lellis s’est préoccupé des malades, comment Vincent de Paul a soulagé les pauvres, comment Padre Pio a fondé des hôpitaux, comment Mère Teresa a réconforté les mourants; n’est-ce pas là le signe le plus éloquent que le Dieu de ces grands saints est le Dieu vrai et plein de bonté? Tout cela, nous pourrions le dire, et ce serait, assurément, de magnifiques paroles, pleines d’une vraie sagesse (1Co2,1). Mais pourtant, Paul choisit une autre voie pour évangéliser. Il ne veut parler que d’un homme cloué sur une croix en train de mourir. 

Pour comprendre les raisons de Paul, il convient sans doute de nous souvenir des circonstances de sa propre conversion. Celui qui lui est apparu sur la route de Damas, c’est Jésus persécuté (Ac9,5; 22,8; 26,15) et, plus précisément encore, c’est Jésus persécuté par Paul lui-même. En un éclair, Paul a été foudroyé par une lucidité aveuglante, blessé par une évidence intime et douloureuse: Paul a compris qu’il était, devant Dieu, celui qui a tué le messie. Bien sûr, Paul sait bien qu’il n’a pas historiquement tué le messie (il n’a pas siégé au sanhédrin, il n’était pas au pied de la croix). Mais par les fautes qu’il a commises, par son opposition injuste envers les chrétiens, il s’est rendu solidaire de tout le mal qui se fait dans le monde, tout le mal que Jésus a pris sur lui pour en être comme l’unique victime non-violente. Jésus a voulu que tout le mal des hommes retombe sur lui-même, afin de le recevoir avec humilité, patience, douceur et miséricorde. Il a voulu que tout le mal se concentre sur sa personne pour être en droit de pardonner à tout homme: «Père pardonne-leur» (Lc23,34). Voilà ce que Paul a perçu tandis qu’il était terrassé par l’appel du Christ: «Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu?» 

Ce qui a converti Paul, ce n’est donc pas un raisonnement bien fait pour lui prouver que Jésus est le Messie. Ce qui l’a déstabilisé, ce qui l’a ébranlé, c’est cette vision d’un homme à qui il voulait du mal, d’un homme dont il voulait détruire l’œuvre alors que l’œuvre de cet homme était précisément de pardonner à ceux qui voulaient lui nuire. La conscience simultanée de sa faute et de son pardon, l’évidence d’être et pécheur, et pardonné, voilà ce qui a bouleversé toutes les certitudes de Paul lorsqu’il a entendu la voix et vu le visage de Jésus douloureux, outragé et bienveillant. Le regard amoureux d’un homme torturé: voilà qui est plus fort que tous les discours persuasifs d’une apologétique bien construite. 

Désormais, Paul ne se présente pas avec les beaux discours qu’il avait appris chez Gamaliel pour disserter sur la loi de Moïse (Ac22,3). Paul vient en portant dans son propre corps les blessures de Jésus (Ga6,17) et c’est cette souffrance du Christ qu’il complète en sa propre chair (Col1,24) qui est l’argument le plus décisif que Paul expose pour convaincre, si possible, ses contemporains de la vérité de l’évangile. 

Ce n’est pas parce que Paul était un orateur éloquent que nous sommes chrétiens aujourd’hui. C’est parce que Paul a pris sa part de souffrance (2Tm2,3). Ce n’est pas parce qu’il a su présenter l’évangile en faisant une bonne publicité que nous connaissons Jésus, c’est parce que Jésus a fait de Paul son témoin jusqu’à l’extrême de la faiblesse et jusqu’à la mort. La méthode est austère. C’est ainsi que Dieu respecte au mieux notre liberté. Si quelqu’un veut croire, si quelqu’un désire annoncer l’évangile, il sait désormais qu’il ne peut s’attendre au triomphe ni aux éloges. Il sait que sa seule vérité, c’est la croix du Christ.