vendredi 15 avril 2016

4e dimanche de Pâques - du Bon Pasteur - année C


Lorsque chacun regarde sa vie spirituelle et fait un bilan – nous l’avons fait sans doute pour notre confession de Pâques – lorsque nous voyons comment elle se compose d’une succession d’enthousiasmes et de déceptions, de générosités et d’égoïsmes, de ferveurs et de découragements, nous pouvons être inquiets. En effet, l’instabilité de notre engagement chrétien a de quoi nous troubler. Nous aimerions bien être de vrais croyants chaque jour, parce que nous savons que c’est cela qui est bien ; mais nous voyons immédiatement que nous n’en avons pas la force, que nous sommes persécutés par nos désirs, nos tentations, nos faiblesses, nos rancunes ; nous voyons bien que nous commettons chaque jour des fautes, que nous posons des choix dont nous ne sommes pas fiers, que nous faisons des choses que nous regrettons. 
S’il n’est pas inutile de se regarder ainsi, de s’examiner dans tous les méandres de nos fidélités instables (car il faut bien avoir un peu de lucidité), un tel point de vue n’est peut-être pas le plus réaliste. Ou, du moins, il n’est peut-être pas le point de vue de Dieu. Dans le passage d’évangile entendu (Jn 10, 27-30), nous découvrons une autre vérité, plus réelle que l’inconstance de nos actes sans ordre. Cette vérité, c’est que nous avons été donnés par le Père à Jésus (Jn 10, 29) et que, dès lors, pour ne pas ruiner ce don du Père, Jésus s’engage à ce que nous ne périssions pas, à ce que personne ne nous arrache de sa main (Jn 10, 28). Une telle considération change notre regard et lui confère une plus grande sérénité. 

Si, à notre niveau, nous ne voyons dans notre vie spirituelle que des incertitudes, que des demi-succès qui sont autant de périls, au niveau du Christ (qui est tout-puissant), nous découvrons une autre force, un engagement autrement fiable, une bienveillance qui ne saurait se démentir. Quand bien même nous nous mettrions en danger par des fautes graves, le Christ, lui, ne nous laissera pas nous perdre – parce que nous sommes pour lui un don que le Père lui a fait. 
Evidemment, on abuserait d’un tel raisonnement si on le prenait comme prétexte pour vivre n’importe comment. Ce n’est pas ce que conseille Jésus : il n’invite pas à la débauche ni à la violence. Ce n’est pas pour que nous fassions le mal impunément que Dieu nous a donnés au Christ. Aussi, de notre côté, nous avons une responsabilité très sérieuse : que faisons-nous de notre appartenance au Christ ? Comment nous reprenons-nous lorsque nous voyons que nous avons été infidèles ? 
Un tel raisonnement vise plutôt à nous aider à déployer sereinement une créativité spirituelle, à épanouir toutes nos capacités de faire le bien, sans nous laisser décourager par les inévitables imperfections que nous voyons en nous-mêmes. Si je veux faire le bien, réellement, courageusement, et si je vois que beaucoup d’obstacles, en moi-même et dans le monde, contredisent mon propos de générosité, puis-je me décourager, alors que je sais que j’ai été donné par Dieu au Christ, alors que j’entends le Christ attester de lui-même qu’il ne me laissera pas périr ? Avec une telle assurance, avec la certitude de ce lien indéfectible au Christ à qui j’ai été donné, je ne peux considérer mes péchés comme des échecs absolus ; ce ne sont que les péripéties d’une histoire d’amour entre le Christ et son Eglise, d’une histoire qui nous dépasse et dont nous connaissons déjà la fin : le monde est sauvé ! 

Laissons résonner à nouveau ces paroles pleines d’un beau réconfort : 

Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout et personne ne peut les arracher de la main du Père (Jn 10, 28-29)

Voilà ce qui est vrai, plus vrai que nos défauts, plus vrai que nos lâchetés, plus vrai que nos égoïsmes. Voilà ce qui est vrai aux yeux de Dieu. Sachant cela, nous avons mille fois raison de ne pas nous décourager, mais, au contraire, de renouveler chaque jour nos efforts, de consacrer toutes nos énergies afin de mieux correspondre à la volonté de celui qui s’est engagé envers nous d’une manière aussi irréversible. 

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