En
expliquant le choix inattendu et atypique de son nom, le Pape François a décrit
ainsi la grande figure du saint homme d’Assise : « C’est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix,
l’homme qui aime et préserve la création ; en ce moment nous avons aussi
avec la création une relation qui n’est pas très bonne, n’est-ce pas ?
C’est l’homme qui nous donne cet esprit de paix, l’homme pauvre… Ah, comme je
voudrais une Église pauvre et pour les pauvres ! » (16 mars 2013)[1].
Ce mot de pauvreté est celui qui revient le plus souvent, de la
manière la plus marquante dans les articles de presse au sujet de notre nouveau
Pape. Il y a là, en effet, quelque chose qui appartient à l’essence même de
l’Eglise. On peut dire, ce n’est qu’un demi paradoxe, que le trésor de
l’Eglise, la richesse de l’Eglise, c’est sa pauvreté. Jésus le rappelle à ses
disciples à la veille de mourir : « Quand
je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de
quelque chose ? » (Lc 22, 35). Voilà ce que c’est que l’Eglise :
des gens envoyés sans argent. C’est cette intuition qui fut celle de saint
François dans le contexte de la bonne bourgeoisie d’Assise au début du XIIIe
siècle ; telle est aujourd’hui l’intuition de notre Pape.
Mais il y a plus : à tout ce que fut François
– l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, le gardien de la création – il
faut ajouter évidemment qu’il fut l’homme de la croix, l’homme qui a porté en
son propre corps les marques mystiques de la charité et de la souffrance du
Christ mourant. Ces stigmates de saint François sont un mystère pour la raison
et une énigme pour la foi. Mais au seuil de cette Semaine Sainte, il n’est pas
inutile de se rappeler qu’il n’y a pas de vraie pauvreté, pas de vraie
recherche de la paix, pas de respect pour la création sans référence à la
croix. Le monde est tellement avide d’argent, tellement perclus d’intolérance
et d’agressivité, tellement égoïste et rempli de pillage, que la logique de
François – la logique du Christ – ne peut manquer d’être contestée, jusqu’à la
mort.
Le Pape, en s’imposant ce nom nouveau avant de
célébrer le mystère pascal avec toute l’Eglise, nous indique peut-être qu’il
est prêt à marcher jusqu’à la croix. En nous invitant à prier pour lui, il nous
demande si nous voulons bien l’accompagner.
[1] Lien sur le site du
Vatican :
http://www.vatican.va/holy_father/francesco/speeches/2013/march/documents/papa-francesco_20130316_rappresentanti-media_fr.html
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