«Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu» (Jn1,1). En effet, dès le début, Dieu parle, donnant un ordre à ce qui n’existait pas encore: «“Que la lumière soit” et la lumière fut» (Gn1,3). Tout a commencé ainsi, par une parole de Dieu. Tout a commencé par un Dieu qui n’est pas muet, alors même que rien n’existe de notre monde; et Dieu parle pour faire exister le monde.
Et quelle est cette lumière que Dieu appelle ainsi, sinon un écho, dans la création, de cette lumière primordiale qu’il est en lui-même? En effet, «Dieu est lumière» (1Jn1,5). Et c’est donc celui qui est lumière qui a dit: «Que la lumière soit». Voilà la parole fondatrice du monde. C’est pourquoi nous ne sommes pas dans les ténèbres, puisque nous avons été créés par la parole d’un Dieu qui est lumière en lui-même, et lumière pour nous.
«Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde» (Jn1,9). Dieu qui est lumière et qui nous a créé par sa parole n’a pas voulu rester extérieur à ce monde qu’il créait. Dans l’Antiquité, il était habituel d’imaginer des dieux lointains, des dieux qui ne se souciaient pas des hommes – et les souffrances des hommes prouvaient bien, pensait-on, que les dieux nous étaient indifférents. Mais le Dieu de l’évangile n’est pas de ceux-là. Il est parole et lumière, il crée la lumière par sa parole, il envoie sa parole éclairer tout homme. Cette venue de la parole est double: par les prophètes tout d’abord, la parole de Dieu était déjà venue dans le monde. Les hommes ont déjà entendu le message du Seigneur. Quel est ce message? Il serait bon de citer tout l’ancien Testament, mais, pour aujourd’hui, il suffit de reprendre un verset d’Isaïe qui résume tout le reste: «le Seigneur console son peuple» (52,9). Voilà ce que Dieu vient dire aux hommes. Il sait que les hommes souffrent – il ne les a pourtant pas créés pour cela – et il veut leur donner un réconfort. La parole qu’il confie aux prophètes pour qu’ils l’annoncent est donc une promesse de soulagement – et pourtant les hommes continuent de souffrir, c’est-à-dire: ils continent de se faire du mal, de se faire mutuellement souffrir, de se blesser les uns les autres. C’est dans les ténèbres de la violence et de l’injustice que la lumière de la parole brille (Jn1,5), mais les ténèbres ne l’accueillent pas, ne la comprennent pas.
Alors il y a une deuxième venue de la parole. Dieu envoie un homme «pour rendre témoignage à la lumière» (Jn1,8). Jean le Baptiste se lève et va dans le désert pour annoncer que la parole de Dieu vient à nouveau dans l’humanité, pas seulement pour être proclamée par les prophètes comme un message de réconfort. Maintenant, la parole de Dieu, le Verbe de Dieu vient en personne: «Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous» (Jn1,14). La parole de Dieu, cette parole de lumière, entre dans l’humanité pour être membre de l’humanité, pour être un homme comme nous.
Qu’est-ce que cela veut dire que la parole de Dieu est devenue un homme? C’est un mystère bouleversant et vertigineux. Jésus, cet homme que Jean le Baptiste a désigné, est par lui-même, en personne, le message de Dieu. Pour dire la même chose avec les mots de l’épître aux Hébreux: Dieu «nous a parlé par son Fils» (He1,2). Le Fils n’est pas seulement le messager (comme les prophètes étaient des messagers). Jésus est le message que Dieu nous adresse.
Toute la vie de Jésus, son humilité, son obéissance, sa douceur, sa bienveillance, sa miséricorde, son courage, sa patience, mais aussi sa souffrance, son sacrifice et sa mort, mais aussi sa résurrection – tout cela est le message que Dieu adresse aux hommes qui souffrent.
Dans l’ancien Testament, les prophètes savaient nous donner une Loi, des commandements, pour nous exhorter à mieux vivre. Mais cela n’a pas tellement consolé l’humanité. Dans la vie de Jésus, nous trouvons non seulement une loi (il nous dit comment vivre, dans l’humilité et dans l’amour), mais encore une grâce (il nous donne aussi la force de vivre à son exemple). «La Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ» (Jn1,17). Et cela est une vraie consolation.
En relisant aujourd’hui ces mots de saint Jean, nous sommes invités à prendre au sérieux ce que fut la vie de Jésus et comment il peut changer notre vie. Si nous souffrons, c’est en lui que nous pouvons trouver notre consolation. Si nous sommes découragés, c’est en lui que nous pouvons trouver l’espérance. Si nous sommes inquiets pour l’avenir (et comment ne le serions-nous pas?), c’est en lui que nous pouvons retrouver un sens à la vie. Si nous ne savons pas pardonner, c’est en lui que nous pouvons trouver la force d’aimer. Si nous sommes dans les ténèbres, c’est en lui que nous pouvons relire cette parole par quoi tout a commencé: «Que la lumière soit»; «et Dieu vit que la lumière était bonne» (Gn1,4). Seigneur Jésus, sois ma lumière.
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