Pourquoi
dit-on que Jésus est né dans la nuit ? Au-delà des circonstances
historiques, la nuit décrit bien l’état du monde avant le Christ, sans le Christ. La nuit, dit-on, les enfants
ont peur, les voyageurs ne
voient plus la route, les malades sont angoissés,
les voleurs en revanche sont plus à l’aise… Ainsi, tandis que certains sont
dans la tristesse et l’inquiétude, d’autres profitent de l’obscurité pour
dissimuler leurs actions malhonnêtes. Voilà ce qu’est la nuit ; voilà
l’état du monde sans le Christ. Et puis, surgit le Christ, dans cette nuit ;
et nous voyons désormais « les clartés de la vraie lumière » (collecte Nuit) – « la lumière
brille dans les ténèbres » (Jn 1
– Jour). Le Christ vient comme une lumière dans la nuit. Dans la nuit,
une lumière rassure ceux qui ont peur, guide les égarés, réconforte les
malades, démasque les bandits… Voilà ce que fait le Christ.
Nous devons reconnaître
que nous ne sommes pas toujours dans la lumière, que notre époque qui a éloigné
le Christ n’est pas tellement lumineuse. Mais parfois, on préfère fermer les
yeux, pour ne pas voir qu’il fait nuit ! On ajoute ainsi à l’obscurité
extérieure, notre propre aveuglement – et alors on ne voit plus rien de
vrai : les yeux fermés, la nuit, on ne voit que des rêves, des illusions.
Ce soir, nous sommes
invités à ouvrir les yeux et à voir qu’il y a pourtant une lumière dans la
nuit. Cette lumière du Christ est là qui nous rassure, qui nous donne confiance
en Dieu. Cette lumière du Christ est là qui nous éclaire, qui nous montre le
chemin de la vérité. Cette lumière du Christ vient aussi déranger nos mauvaises
habitudes, vient aussi débusquer la part d’ombre qui est en nous. La
venue du Christ dans l’histoire, la venue du Christ dans notre histoire est
réconfortante – assurément, c’est une force d’être chrétien – mais elle est
aussi exigeante – c’est parfois difficile de persévérer dans la vie chrétienne.
C’est pourquoi nous devons choisir la lumière. Personne ne nous force à suivre le Christ, personne
ne nous force à être chrétiens. Certains peuvent préférer les ténèbres (Jn 3,
19), et laisser tomber la foi, laisser de côté la vie chrétienne. A ceux qui
fêtent aujourd’hui sa naissance, le Christ propose de regarder la lumière, de
faire confiance à la lumière, de croire en la lumière.
Regardez un instant ceux
qui font confiance à l’Eglise, ceux qui se laissent illuminer par le
Christ : les enfants qui reçoivent une éducation chrétienne, les jeunes
qui se marient à l’Eglise, les adultes qui vont à la Messe du dimanche, ceux
qui n’ont pas peur de se confesser – tous ces gens ne sont pas des héros
inaccessibles, ils ne font rien d’extraordinaire. Ils font simplement confiance
à la lumière du Christ. Ils acceptent de regarder la lumière du Christ et de se
laisser guider par elle. Ainsi, ils ont un repère, plus fiable que la mode ou
que l’opinion : ils ont comme repère l’Eglise et la foi chrétienne. Ils
n’avancent pas seuls dans les épreuves de la vie. Certes, il y a encore des
ténèbres alentour, mais ils se laissent guider par le Christ, comme un marin
s’oriente vers le port grâce à un phare. On peut conduire un navire la nuit en
fermant les yeux, mais on a moins de chances d’arriver au port. On peut mener
sa vie sans repère, sans guide, tout seul ; mais on a moins de chances de
parvenir au bonheur. Il faut juste reconnaître que la lumière ne vient pas de nous, qu’elle ne vient pas du monde, mais qu’elle vient du
Christ par l’Eglise. Et puis il suffit de faire confiance, de nous laisser
guider, nous laisser réconforter, nous laisser illuminer par l’Eglise.
L’Eglise ne cherche pas à
recruter quelques chrétiens de plus ; elle veut sauver tous les hommes, éclairer tous les hommes.
L’Eglise veut donner à tous les hommes la chance – la grâce – de connaître une
vérité dont ils puissent vivre, une lumière qui les rassure et les conduise
vers le vrai bonheur. Pour cela, l’Eglise n’est pas en concurrence avec le
monde, la prière n’est pas en concurrence avec l’égoïsme, la lumière n’est pas
en concurrence avec les ténèbres, la vérité n’est pas en concurrence avec les
opinions, la paix n’est pas en concurrence avec la peur ; le bien n’est
pas en concurrence avec le mal. Ou bien, pour dire les choses de manière plus
concrète encore : la messe du dimanche n’est pas en concurrence avec un
match de foot. C’est d’un autre ordre. Il nous faut simplement choisir. Vous
qui fêtez Noël aujourd’hui, vous
connaissez l’Eglise, vous reconnaissez dans la naissance de Jésus une
lumière. Ce qui vous est proposé, c’est de vivre pleinement de cette lumière, non pas simplement une fois par an
ou deux fois par an, mais tous les jours de votre vie. Vous savez croire à la
sagesse de l’évangile : elle nous enseigne que ceux qui font vraiment confiance à
la lumière du Christ ne seront pas déçus.
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