vendredi 4 juillet 2014

14ème dimanche - année A


A un moment où le peuple d’Israël était dans une grande infidélité et dans une grande angoisse, le prophète Jérémie avait dit, de la part du Seigneur : « Suivez la voie du bien et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Jr 6, 16). Mais suivre les chemins du bien avait sans doute paru trop onéreux à l’époque, et le peuple s’était enfoncé dans la violence, la guerre pour aboutir finalement cette catastrophe définitive qu’a été la déportation de tout Jérusalem à Babylone.
Ce que nous lisons dans l’évangile ressemble beaucoup à cette prédication de Jérémie. Le contexte est le même : le peuple est dans l’infidélité, la révolte et l’injustice ; Jérusalem va être détruite à nouveau dans peu de temps – cela se produira quarante ans après la mort et la Résurrection de Jésus. Et dans ce climat incertain et angoissant, Jésus reprend exactement les mots du prophète et les arrange à sa manière : « Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Mt 11, 29). Chez Jérémie, qui prêchait le bien, le conseil avait pu paraître trop exigeant. Aussi, avec une grande miséricorde, Jésus ne demande pas à son peuple de faire le bien – car nous sommes souvent incapables de faire le bien – mais il conseille simplement la douceur et l’humilité.
Au moment où débutent les vacances de beaucoup, il est bon d’entendre cette définition chrétienne du repos : pour un chrétien, le repos c’est la douceur et l’humilité ; se reposer, c’est être doux et humble de cœur comme Jésus est doux et humble de cœur. Ce qui fatigue, en effet, ce sont toutes ces violences, ces agressivités, tous ces énervements que nous entretenons au quotidien ; ce qui épuise notre vie spirituelle, ce sont toutes ces vanités, ces points d’honneur, ces raideurs, cette manière que nous avons de nous crisper sur une bonne image idéale que nous voudrions donner de nous-mêmes. Au contraire, tout ce qui relève de la compréhension, de la bienveillance, de la sollicitude, du réconfort que nous apportons autour de nous, tout ce qui se rattache à la modestie, à la discrétion, à la docilité, tout cela est véritablement un vrai soulagement pour nos âmes. On ne saurait trop conseiller la pratique de ces vertus reposantes pendant les vacances.
Pour ceux qui auraient de la difficulté à se reposer ainsi, on peut indiquer, comme une pratique secourable, de réciter une prière à l’Esprit Saint, le Veni Sancte Spiritus par exemple ; car c’est lui qui est « dans le labeur, le repos »[1]. Qu’on me permette de suggérer une autre pratique douce et humble, reposante donc au sens de l’évangile : parmi les actes de l’humilité, la tradition spirituelle de l’Eglise compte l’examen de conscience et la pratique de l’aveu de ses fautes. Un moment de vacances est propice à rentrer en soi-même, à relire sa vie, et à y découvrir les grâces de Dieu et nos défauts, nos faiblesses et nos manquements. Recourir alors au pardon de l’Eglise, donné dans le sacrement de la réconciliation, serait un acte reposant dont l’enjeu n’est pas négligeable.
La vie spirituelle ne consiste pas à se tendre, à faire le bien à la mesure de nos efforts – cela est impossible. La vie spirituelle consiste plutôt à rechercher la douceur et l’humilité du Christ lui-même ; et avec un cœur doux et humble, comme le sien, nous pourrions ensuite, faire le bien sans aucune peine, aisément, presque sans y penser, par la simple grâce de Dieu.




[1] Viens, Esprit-Saint, en nos cœurs, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres. Viens, dispensateur des dons. Viens, lumière en nos cœurs. Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort. O lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles. Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. A tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient, donne tes sept dons sacrés. Donne mérite et vertu donne le salut final, donne la joie éternelle.
(Veni Sancte Spiritus, séquence de la messe du jour de la Pentecôte). 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.