A un moment où le peuple
d’Israël était dans une grande infidélité et dans une grande angoisse, le
prophète Jérémie avait dit, de la part du Seigneur : « Suivez la voie
du bien et vous trouverez le repos pour vos âmes » (Jr 6, 16). Mais
suivre les chemins du bien avait sans doute paru trop onéreux à l’époque, et le
peuple s’était enfoncé dans la violence, la guerre pour aboutir finalement
cette catastrophe définitive qu’a été la déportation de tout Jérusalem à
Babylone.
Ce que nous lisons dans
l’évangile ressemble beaucoup à cette prédication de Jérémie. Le contexte est
le même : le peuple est dans l’infidélité, la révolte et
l’injustice ; Jérusalem va être détruite à nouveau dans peu de temps –
cela se produira quarante ans après la mort et la Résurrection de Jésus. Et
dans ce climat incertain et angoissant, Jésus reprend exactement les mots du
prophète et les arrange à sa manière : « Devenez mes disciples, car
je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes »
(Mt 11, 29). Chez Jérémie, qui prêchait le bien, le conseil avait pu paraître
trop exigeant. Aussi, avec une grande miséricorde, Jésus ne demande pas à son
peuple de faire le bien – car nous sommes souvent incapables de faire le bien –
mais il conseille simplement la douceur et l’humilité.
Au moment où débutent les
vacances de beaucoup, il est bon d’entendre cette définition chrétienne du
repos : pour un chrétien, le repos
c’est la douceur et l’humilité ; se reposer, c’est être doux et humble
de cœur comme Jésus est doux et humble de cœur. Ce qui fatigue, en effet, ce
sont toutes ces violences, ces agressivités, tous ces énervements que nous
entretenons au quotidien ; ce qui épuise notre vie spirituelle, ce sont
toutes ces vanités, ces points d’honneur, ces raideurs, cette manière que nous
avons de nous crisper sur une bonne image idéale que nous voudrions donner de
nous-mêmes. Au contraire, tout ce qui relève de la compréhension, de la
bienveillance, de la sollicitude, du réconfort que nous apportons autour de
nous, tout ce qui se rattache à la modestie, à la discrétion, à la docilité,
tout cela est véritablement un vrai soulagement pour nos âmes. On ne saurait
trop conseiller la pratique de ces vertus reposantes pendant les vacances.
Pour ceux qui auraient
de la difficulté à se reposer ainsi, on peut indiquer, comme une pratique
secourable, de réciter une prière à l’Esprit Saint, le Veni Sancte Spiritus par exemple ; car c’est lui qui est « dans
le labeur, le repos »[1].
Qu’on me permette de suggérer une autre pratique douce et humble, reposante
donc au sens de l’évangile : parmi les actes de l’humilité, la tradition
spirituelle de l’Eglise compte l’examen de conscience et la pratique de l’aveu de
ses fautes. Un moment de vacances est propice à rentrer en soi-même, à relire
sa vie, et à y découvrir les grâces de Dieu et nos défauts, nos faiblesses et
nos manquements. Recourir alors au pardon de l’Eglise, donné dans le sacrement
de la réconciliation, serait un acte reposant dont l’enjeu n’est pas
négligeable.
La vie spirituelle ne
consiste pas à se tendre, à faire le bien à la mesure de nos efforts – cela est
impossible. La vie spirituelle consiste plutôt à rechercher la douceur et
l’humilité du Christ lui-même ; et avec un cœur doux et humble, comme le
sien, nous pourrions ensuite, faire le bien sans aucune peine, aisément,
presque sans y penser, par la simple grâce de Dieu.
[1] Viens, Esprit-Saint,
en nos cœurs, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous,
père des pauvres. Viens, dispensateur des dons. Viens, lumière en nos cœurs. Consolateur
souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur. Dans le labeur, le repos ; dans la
fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort. O lumière
bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles. Sans
ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti. Lave
ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé. Assouplis
ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé. A
tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient, donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu donne le salut final, donne la joie éternelle.
(Veni Sancte Spiritus, séquence de la messe du jour de la Pentecôte).
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