La foi, nous dit saint
Pierre, est « bien plus précieuse que l’or » (1P 1, 7).
Qu’est-ce qui est bien plus précieux que l’or, de nos jours ? Avec
l’incertitude de la crise économique, les cours de l’or atteignent depuis
quelques années des sommets historiques et on voit mal, au premier abord, ce
qui pourrait dépasser la valeur du métal refuge, à part le platine ou le
diamant. Dans l’Antiquité, la situation était encore plus radicale : l’or
était la valeur monétaire absolue, la référence de tous les autres échanges
commerciaux ou fiscaux.
Mais, ne
nous laissons pas impressionner par les vertiges de l’économie humaine et
réfléchissons un peu. Un bijou en or, par le travail de l’orfèvre, par
l’habileté de celui qui l’a conçu, modelé, réalisé, vaut plus que l’or
seulement qui n’est alors qu’une matière première. Ainsi, on voit que le
travail humain est capable de donner à l’or une valeur ajoutée. Nous sommes
donc capables de concevoir que l’homme, par son génie artistique, par sa
créativité, puisse accroître le prix à ce qui semblait tout à l’heure être la
valeur suprême.
Voyons alors
ce qui, dans l’ordre spirituel, pourrait nous permettre de comprendre cette
image. Qu’est-ce que la foi posséderait qui ferait de cette vertu, de cette
attitude, une réalité plus précieuse que l’or ? Notre foi repose sur le
sang du Christ ; nous avons vu quel était la charité du Christ en notre
faveur lorsque nous avons contemplé le Crucifié, celui qui, sans violence, se
laissait tuer par amour pour nous. Et ce n’est pas un hasard si saint Pierre
dit ailleurs que le sang du Christ versé en notre faveur fut
« précieux » (1, 19). Combien a coûté le sang du Christ ? Un
rapide calcul va nous montrer le paradoxe dans sa merveilleuse clarté :
pour celui qui a vendu le Christ, cela lui a rapporté trente deniers ;
mais pour nous qui sommes sauvés par le sang du Christ, le salut nous est
donné, gratuitement. Voilà une vérité spirituelle très importante : une chose précieuse, dans la Bible,
est une chose qu’on peut vendre pour pas cher – et celui qui l’a vendue reste pauvre
– mais qu’on peut recevoir
gratuitement – et celui qui
l’accueille est comblé. Qu’a gagné le traître à vendre le sang du Christ ?
Le pitoyable salaire d’un mois de travail et un désespoir tel qu’il s’en est
pendu. Qu’a gagné l’Eglise en recevant gratuitement le sang précieux du
Christ ? Elle a reçu le salut, la sainteté, la joie et le courage. C’est
donc que le sang du Christ est précieux.
Dans la
logique du monde, une chose est précieuse,
qui coûte
cher à acheter et à vendre ;
pour l’évangile,
est précieux ce qui ne rapporte rien à la vente,
qui s’acquiert
gratuitement
et qui
comble absolument les désirs de l’homme.
Et la foi, donc, en quoi
est-elle précieuse ? Dans certaines persécution, on propose aux chrétiens
de renoncer à leur foi, de perdre leur foi, et les persécuteurs sont disposés à
leur acheter leur foi : ce sont des avantages matériels, des privilèges,
des honneurs, parfois simplement la vie sauve. Que gagne-t-on à vendre ainsi sa
foi ? On ne gagne que des biens terrestres qui sont incapables de nous
rendre heureux. Mais, ayant renoncé à la foi, on voit, en conscience, qu’on a
trahit ce Dieu qui nous fait vivre ; avec culpabilité, on se sent privé de
Dieu, et cela rend malheureux. On ne renonce pas à la foi pour être heureux ensuite ;
car cela, c’est impossible. Les premiers chrétiens le savaient bien, qui
avaient appris le courage de défendre leur foi chrétienne jusqu’au martyre.
Perdre la foi, c’est donc perdre le bonheur. Vendre sa foi, c’est obtenir quelques
gratifications pour se perdre soi-même. Si la foi est précieuse, on n’a donc
pas intérêt à la vendre.
Mais on a intérêt à la recevoir, d’autant plus qu’elle est gratuite.
D’où vient la foi ?
C’est en effet un don de Dieu (cf. Ep 2, 8). Dieu nous fait-il
payer la foi qu’il nous donne ? Non. C’est gratuitement, c’est par pure
grâce que nous avons reçu la foi à notre baptême. La plupart d’entre nous, nous
étions enfants et c’est sans mérite préalable que nous sommes devenus croyants.
Et même si nous sommes devenus croyants par une décision volontaire, c’est
toujours comme un cadeau de Dieu que nous avons accueilli la première
connaissance de l’évangile. Et cette foi, que nous apporte-t-elle ? Elle
nous donne la vérité dans ce monde d’ignorance et d’opinions contradictoires ;
elle nous donne le courage dans ce monde désespéré ; elle nous donne la
joie dans cette société dépressive ; elle nous donne la paix, alors que
l’injustice et la guerre sont partout ; elle nous donne un regard pur et
lucide, alors que la tyrannie de l’image et de l’illusion mène la société. En
un mot : elle nous donne le salut dans ce monde qui va à sa perte.
Voilà
pourquoi la foi est précieuse : parce que, gratuitement, elle nous
introduit dans une logique différente. Vendre sa foi pour quelques sous serait
un bien mauvais calcul ; mettre de côté ses convictions chrétiennes pour
quelque avantage matériel, quelque réussite mondaine serait une ruine. L’or est
précieux, mais le travail de l’orfèvre est plus précieux encore, avons-nous
dit. La matière première de la foi, c’est notre âme, qui vaut plus que
l’or ; et l’orfèvre de notre âme, c’est Dieu, qui vaut mieux qu’un
orfèvre. Voilà pourquoi la foi est gratuite, pourquoi elle est précieuse et
pourquoi elle dépasse toute valeur humaine.
----------------------------------------------------------------
Il est impossible de passer sous silence l'événement de ce 27 avril 2014, la canonisation des Papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Avec le lien ci-dessous, vous pouvez accéder à la traduction française officielle de l'homélie du Pape François.
http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20140427_omelia-canonizzazioni.html
----------------------------------------------------------------
Il est impossible de passer sous silence l'événement de ce 27 avril 2014, la canonisation des Papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Avec le lien ci-dessous, vous pouvez accéder à la traduction française officielle de l'homélie du Pape François.
http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2014/documents/papa-francesco_20140427_omelia-canonizzazioni.html